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DU SUBLIME

a plus de relâche. J’en ai fait l’expérience moi-même, et de bons observateurs qui l’avaient faite comme moi, sont venus la confirmer. Pareillement, si un homme s’endormait en plein jour, en occasionnant autour de lui une obscurité soudaine, on empêcherait son sommeil pour le moment, quoique le silence et l’obscurité le favorisent beaucoup quand ils n’arrivent pas brusquement. C’est un fait que je ne connaissais que par des conjectures tirées de l’analogie des sens, lorsque je commençai à mettre ces observations en ordre ; l’expérience me l’a depuis confirmé. Il m’est souvent arrivé, et à mille autres comme à moi, de sortir tout à coup d’un premier assoupissement avec un fort tressaillement, et, en général, ce tressaillement était précédé d’une espèce de rêve où nous croyions tomber au fond d’un précipice : d’où viendrait cet étrange mouvement, sinon du relâchement trop subit du corps, qui en vertu de quelque mécanisme naturel, se rétablit par un acte aussi prompt et aussi vigoureux de la puissance de contraction qu’ont les muscles ? Le rêve même nait de ce relâchement : il est d’une nature trop uniforme pour qu’on puisse l’attribuer à aucune autre cause. Les parties se relâchent trop subitement, ce