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ET DU BEAU

si l’on avait encore un degré à descendre, le choc est extrêmement rude et désagréable ; et tout notre art ne pourra réussir à en produire un pareil par les mêmes moyens, si nous nous y attendons ou que nous nous y soyons préparés. Lorsque je dis que cet effet provient d’un changement contraire à l’attente, je n’entends pas seulement l’attente de l’esprit : je veux dire aussi, que lorsqu’un organe des sens est affecté pendant quelque tems d’une même manière, s’il est subitement affecté tout différemment, il s’ensuit un mouvement convulsif, une convulsion telle qu’elle est causée quand quelque chose arrive contre l’attente de l’esprit. Quoiqu’il puisse paraître étrange qu’un changement qui cause un relâchement, produise immédiatement une convulsion soudaine, il est cependant très-certain que cela se passe ainsi, et même dans tous les sens. Tout le monde sait que le sommeil est un relâchement, et que le silence, alors que rien ne tient en action les organes de l’ouie, est en général très-propre à le faire naître. Cependant lorsqu’une sorte de murmure uniforme dispose un homme au sommeil, que ce bruit cesse tout à coup, et l’homme s’éveille aussitôt ; c’est-à-dire, que les parties se rassemblent subitement, et qu’il n’y