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DU SUBLIME

ses premières perceptions, et les jugemens qu’il fit sur les objets visuels, Chelseden rapporte celle-ci : le premier objet noir que ce garçon aperçut, lui causa une grande inquiétude, et peu de tems après, il fut frappé d’horreur à la vue d’une négresse. Ce n’est pas ici le cas de supposer que l’horreur provenait d’une association d’idées. Par le rapport de Chelseden, il paraît que l’enfant était très-observateur, et avait beaucoup de bon sens pour son âge ; il est donc probable que si la grande inquiétude qu’il ressentit à la première vue du noir était née de la connexion de cette couleur avec d’autres idées désagréables, il en aurait fait la remarque, et l’aurait communiquée ; car la cause du mauvais effet que produit sur les passions une idée désagréable seulement par association, est assez évidente à la première impression : je conviens que dans les cas ordinaires, cette cause échappe souvent ; mais cela vient de ce que l’association s’est faite aux premières époques de la vie, et que l’impression qui l’a accompagnée, s’est depuis répétée fréquemment. Dans le présent exemple, l’enfant jouis sait de la vue depuis trop peu de tems pour savoir contracté une telle habitude ; d’ailleurs,