Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxiv
VIE

cet état à une barre de bois qui passe entre leurs jambes, et battus sur la plante des pieds jusqu’à ce que les ongles des orteils soient tombés. Ce traitement barbare leur eût semblé doux encore ; mais la férocité n’est pas assouvie : on les frappe sur la tête jusqu’à ce que le sang jaillisse de leur bouche, de leur nez et de leurs oreilles ; on les dépouille, on les fouette avec des cannes de » bambou, avec des buissons épineux, enfin avec des herbes vénéneuses dont la causticité porte le feu dans chaque plaie.

» Le monstre qui avait donné de pareils ordres était parvenu à déchirer l’âme aussi bien que le corps. Combien de fois n’a-t-il pas fait lier ensemble le père et le fils, pour les faire déchirer en même tems avec des faisceaux de verges ; pour jouir d’une volupté toute particulière, volupté qui serait inconcevable si cette âme de sang n’avait pas existé, la volupté de savoir que chaque coup portait une double atteinte, que celui qui tombait sur le fils déchirait le cœur du père, » et que celui dont gémissait le père était un trait de mort pour le fils ! »

» Pourrai-je vous dire le supplice des femmes ? l’horreur ne me fermera-t-elle pas la bouche ?