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DU SUBLIME

enfin, l’œil exercé long-tems d’une manière particulière, ne peut plus perdre immédiatement cet objet, et, comme il est violemment ébranlé par cette agitation continue, il présente à l’esprit une idée grande et sublime. Maintenant, au lieu de ce rang de piliers uniformes, supposons que nous en voyons un autre où un pilier carré succède à un pilier rond, un pilier rond à un pilier carré, et ainsi alternativement jusqu’à la fin. Dans ce cas-ci, la vibration que la première colonne cause dans l’organe de la vue, cesse aussitôt qu’elle a commencé, étant interrompue et remplacée par une autre d’une espèce toute différente, qui est celle du pilier carré ; celle-ci est aussi promptement arrêtée par celle qu’occasionne la colonne suivante : ainsi l’œil alternativement frappé de ces objets différens, court jusqu’au bout de la file en recevant une image et en la perdant pour une autre qu’il abandonne encore pour une nouvelle : d’où l’on voit clairement qu’à la dernière colonne, l’impression est « aussi loin de pouvoir continuer au-delà, qu’elle l’était à la première ; parce que, dans le fait, le sensorium ne peut recevoir d’impression distincte que de la dernière ; et de lui-même il ne peut jamais re-