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DU SUBLIME

fois pour toutes, qu’une recherche des causes naturelles et mécaniques de nos passions, outre la curiosité du sujet, double, si on les découvre, la force et la clarté des règles que nous donnons sur cette matière. Lorsque l’oreille reçoit un son simple, il est causé par une seule impulsion de l’air qui fait vibrer le tympan et les autres parties membraneuses de l’organe conformément à la nature et à l’espèce de l’impulsion. Si l’impulsion est forte, l’organe de l’ouie éprouve un degré considérable de tension ; si elle se répète bientôt après, la répétition produit l’attente d’une nouvelle impulsion : et qu’on remarque que l’attente même cause une tension. C’est de quoi la plupart des animaux offrent une preuve : quand ils s’attendent à quelque bruit, on les voit s’agiter et dresser les oreilles : ainsi donc l’effet des sons est ici considérablement augmenté par l’attente. Mais quoique après un certain nombre d’impulsions, nous en attendions encore d’autres, ne pouvant déterminer l’instant précis qu’elles nous frapperont, quand elles nous frappent, elles nous causent une sorte de surprise qui augmente encore cette tension. En effet, j’ai remarqué que toutes les fois que je me suis attentive-