Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/270

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
DU SUBLIME

Quiconque a remarqué les effets différens d’un exercice violent, et d’une action petite et minutieuse, comprendra pourquoi il n’y a rien de sublime dans une occupation inquiétante et désagréable, qui fatigue et affaiblit le corps. Ces sortes d’impulsions, qui sont plutôt chagrinantes que douloureuses, en changeant continuellement et subitement de nature et de direction, empêchent cette tension pleine, cette espèce de travail uniforme qui s’allie à une douleur énergique, et qui produit le sublime. La somme totale de choses de différentes espèces, égalât-elle le nombre des parties uniformes qui composent un objet entier, ne les égale point dans son effet sur les organes du corps. Outre la raison que nous avons donnée de cette différence, il en est une autre bien puissante. Il est réellement difficile que l’esprit s’occupe attentivement de plus d’une chose à la fois ; si cette chose est petite, l’effet l’est aussi, et un certain nombre d’autres petits objets ne peut engager l’attention : l’esprit s’enferme dans les bornes de l’objet ; et la chose dont on ne s’occupe pas, et celle qui n’existe pas, sont par l’effet une même chose : mais l’œil, on l’esprit, car dans ce cas-ci il n’y a nulle dif-