Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/268

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
DU SUBLIME

grès en causer une très-forte, et la porter enfin à son plus haut degré : et toutes les parties de l’œil étant dans une vibration violente, il en résulte une sensation très-voisine de la douleur, et qui doit produire par conséquent une idée du sublime. D’ailleurs, si l’on veut qu’on ne puisse distinguer à la fois qu’un seul point d’un objet, mon opinion n’en souffrira pas ; au contraire, on verra avec plus d’évidence que la grandeur des dimensions est une des sources du sublime : car, si nous n’apercevons qu’un seul point à la fois, l’œil doit parcourir la vaste étendue de ces corps avec une rapidité extrême ; les nerfs et les muscles délicats destinés au mouvement de cette partie doivent se tendre avec force, et leur grande sensibilité doit beaucoup souffrir de cette tension. Mais l’effet produit est toujours le même, soit qu’un corps ayant toutes ses parties liées, lasse en un seul tems une impression générale, soit que n’imprimant qu’un seul point à la fois, il donne une succession de points semblables ou différens, assez rapide pour faire qu’ils paraissent unis : c’est ce que prouve le cercle de feu qu’on décrit en tournant avec célérité une torche enflammée ou un charbon ardent.