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ET DU BEAU


SECTION IV.
Suile.

M. Spon rapporte à ce sujet, dans ses Recherchés d’Antiquité, une histoire très-curieuse du célèbre physionomiste Campanella. Il paraît que ce savant ne s’était pas borné à faire de très-exactes recherches sur les visages humains, mais qu’il réussissait parfaitement à contrefaire ceux qu’il trouvait un peu remarquables. Lorsqu’il voulait pénétrer les intentions de ceux à qui il avait à faire, il composait exactement son visage, ses gestes et tout son maintien sur ceux du personnage qu’il se proposait de deviner ; cela fait, il observait attentivement le nouveau tour que son esprit prenait par ce changement : par ce moyen, dit notre auteur, il n’était pas un homme dont il ne pût connaître les inclinations, les dispositions, les pensées même, aussi parfaitement que s’il avait été métamorphosé en cet homme même. J’ai souvent observé moi-même qu’en imitant les regards et les gestes d’un homme courroucé ou paisible, effrayé ou audacieux, mon ame se por-