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DU SUBLIME

de la crainte et de la douleur. La seule différence entre la douleur et la terreur est, que les objets qui causent de la douleur agissent sur l’esprit par l’intervention du corps, au lieu que ceux qui causent de la terreur affectent les organes du corps par l’opération de l’esprit qui suggère l’idée du danger : mais comme l’un et l’autre s’accordent, soit en premier, soit en second, pour produire une tension, une contraction, ou une violente émotion dans les nerfs[1], elles s’accordent de même en tout autre chose ; car je conçois très-clairement par cet exemple, comme par bien d’autres, que lorsque le corps est disposé, par un moyen quelconque, à des émotions telles qu’elles lui seraient communiquées par le moyen d’une certaine passion, il excite de lui-même dans l’ame quelque chose de très-semblable à cette passion.


  1. Je n’entre point ici dans la question agitée par, les physiologistes, savoir si la douleur est l’effet d’une contraction ou d’une tension des nerfs. L’un et l’autre cas est également favorable à mon sujet ; car, par tension, je n’entends qu’une violente compulsion des fibres qui composent un muscle eu une membrane, de quelque manière qu’elle s’opère.