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ET DU BEAU

rouler avec véhémence ; ses cheveux se dressent, sa voix s’échappe en gémissemens et en cris, tout son corps n’est qu’un tremblement. La crainte ou ta terreur, qui est une appréhension de la douleur ou de la mort, se manifeste par les mêmes effets, avec une violence proportionnée à la proximité de la cause et à la faiblesse du sujet. Cela n’a pas lieu dans l’espèce humaine seulement : souvent il m’est arrivé de voir des chiens qui dans la crainte de quelque châtiment, se roulaient par terre, se tordaient le corps, gémissaient, aboyaient comme s’ils eussent effectivement senti les coups. De-là je conclus que la crainte et la douleur agissent sur les mêmes parties du corps, et de la même manière, quoique l’action puisse différer par le degré de force ; que la, crainte et la douleur consistent dans une tension non naturelle des nerfs ; que cette tension est quelquefois accompagnée d’une force surnaturelle, qui par fois se change soudainement en une extrême faiblesse ; qu’enfin ces effets se font souvent sentir alternativement, et quelquefois en même tems. Telle est la nature des agitations convulsives, particulièrement dans les personnes les plus faibles, qui sont, les plus sujétes aux plus cruelle impression.