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DU SUBLIME


SECTION III.
De la Cause de la Douleur et de la Crainte.

J’ai déjà observé [1] que tout ce qui est propre à inspirer la terreur, peut servir de fondement au sublime ; à quoi j’ajoute, qu’outre ces choses, il en est beaucoup d’autres dont on ne peut probablement appréhender aucun danger, et qui ont un semblable effet, parce qu’elles agissent d’une manière analogue. J’ai encore observé [2] que tout ce qui produit un plaisir, un plaisir original et positif, est susceptible de beauté. Par conséquent, pour se faire une idée nette de la nature de ces qualités, il faut nécessairement développer la nature de la douleur et du plaisir, dont elles dépendent. Que l’on observe un homme qui subit une violente douleur corporelle, supposons la plus violente, son effet étant le plus sensible : on voit ses dents se serrer, ses sourcils se contracter violemment, son front se replier en rides, ses yeux se renfoncer et

  1. Première partie, sect. 8.
  2. Première partie, sect. 10.