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DU SUBLIME

pas de pouvoir jamais expliquer pourquoi certaines affections du corps produisent telle émotion distincte dans l’ame, et non une autre, ni pourquoi le corps est affecté par l’ame, ou lame par le corps. Il suffit d’y réfléchir un peu pour reconnaître l’impossibilité d’y parvenir. Mais je crois que si nous pouvons découvrir quelles sont les affections de l’ame qui produisent certaines émotions dans le corps, et quelles sont les qualités et les sensations distinctes du corps qui peu vent produire dans l’ame certaines passions, déterminées, et non d’autres, je crois, dis-je, que nous aurons fait un grand pas, qui ne sera pas inutile pour parvenir à connaître distinctement nos passions, telles du moins que nous les considérons en ce moment. Je pense que c’est tout ce que nous pouvons faire. Nous fût-il possible d’aller plus loin, il resterait encore des difficultés, puisque nous serions toujours également éloignés de la première cause. Lorsque Newton découvrit la propriété de l’attraction, et qu’il en fixa les lois, il trouva qu’elle expliquait très-bien plusieurs des plus remarquables phénomènes de la nature ; cependant, par rapport au système général des choses, il ne put voir dans l’attraction