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ET DU BEAU.

en plusieurs cas, s’attache à la ligne droite, et quand il en sort, c’est par des sallies fortes et prononcées : l’obscurité est ennemie du beau ; le sublime se couvre d’ombres et de ténèbres : enfin la légèreté et la délicatesse s’unissent à la beauté, tandis que le sublime demande la solidité et les masses même. Ces idées sont réellement d’une nature très-différente, l’une étant fondée sur la douleur, et l’autre sur le plaisir ; et quoiqu’elles puissent s’écarter par la suite de la nature directe de leurs causes, cependant ces causes conservent entre ces idées une distinction éternelle ; distinction que ne doivent jamais perdre de vue ceux qui ont pour but d’affecter les passions. Dans l’infinie variété des combinaisons naturelles, nous devons nous attendre à trouver réunies dans un même objet les qualités des choses les plus éloignées les unes des autres qu’il soit possible d’imaginer. Attendons-nous aussi à trouver des combinaisons du même genre dans les ouvrages de l’art. Mais en considérant l’influence qu’un objet exerce sur nos passions, n’oublions pas que lorsqu’il doit affecter notre esprit par la force de quelque propriété prédominante, l’affection produite est vraisemblablement plus uniforme et plus