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DU SUBLIME

et se trouve plutôt dans les tons clairs, unis, moelleux et faibles. En second lieu, une grande, variété, des transitions brusques d’une mesure ou d’un ton à l’autre sont contraires au génie dû beau musical. Ces transitions[1] excitent souvent la joie et d’autres passions soudaines et tumultueuses, mais ne plongent jamais dans cette langueur, cet attendrissement, cet abandon de l’ame, qui est l’effet caractéristique du beau par rapport à tous les sens. La passion que fait naître le beau, se rapproche réellement davantage d’une sorte de mélancolie que de la joie et de l’allégresse. Ce n’est pas que je prétende borner la musique à certaines notes ou à certains tons, et j’avoue que je ne suis pas très-habile dans cet art. Par cette remarque, mon seul dessein est d’établir une idée suivie et entière de la beauté. La variété infinie des affections de l’ame inspirera toujours à l’artiste doué d’un bon esprit et d’une oreille sensible les diverses modulations propres à les émouvoir. Je ne crois pas nuire

  1. I ne’er am merry when Ihear sweet music.
    I ne’er am merry when IhearSHAKESPEAR.
    « Je ne suis jamais joyeux, lorsque j’entends unie musique tendre. »