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ET DU BEAU.

de comparer l’état de son esprit en sentant un corps mou, uni, varié, non-angulaire, avec celui où il se trouve à la vue d’un bel objet, apercevra dans leurs effets une analogie frappante, très-propre à faire découvrir leur cause commune. Sous ce rapport, la vue et le toucher diffèrent en fort peu de points : le toucher reçoit le plaisir que donne une chose molle et tendre, qui n’est pas primitivement un objet de la vue ; d’autre part, la vue comprend la couleur, dont le toucher a difficilement quelque perception : si le toucher a l’avantage dans un nouveau plaisir qui résulte d’un degré modéré de chaleur, l’œil triompha dans l’étendue et la multiplicité infinie de ses objets. Au reste, j’aperçois une telle conformité dans les plaisirs de ces deux sens, que je suis porté à croire, que s’il était possible de distinguer les couleurs par l’attouchement, comme on prétend que quelques aveugles l’ont fait, les mêmes couleurs et la même disposition du coloris qui sont belles à la vue, seraient pareillement très-agréables au toucher. Mais, laissant de côté les conjectures, passons au sens de l’ouie.