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DU SUBLIME

qualités ; et si elles se trouvent combinées en semble, notre plaisir y gagne considérablement. Cet effet est si simple et si évident, qu’il est plus propre à éclaircir d’autres choses, qu’à être éclairci lui-même par un exemple. Une seconde source de plaisir pour ce sens, comme pour tout autre, est un continuel sentiment de quelque chose de nouveau : nous trouvons en effet que les corps dont la surface varie continuellement sont les plus agréables ou les plus beaux au toucher, chacun peut en faire l’expérience : cependant il est nécessaire que la direction de leur surface ne varie jamais d’une manière soudaine. L’impression d’un objet soudain, bien qu’elle n’ait en soi que peu ou point de violence, est désagréable. L’application subite et imprévue d’un doigt plus chaud ou plus froid que de coutume nous fait tressaillir ; un coup léger sur l’épaule, auquel on ne s’attend pas, a le même effet. De là vient que les corps angulaires, corps en qui la direction de la ligne extérieure varie subitement, donnent si peu de plaisir au toucher : chacun de ces changemens est une sorte de montée ou de chûte en miniature ; de sorte que les carrés, les triangles et les autres figures angulaires ne sont belles ni à la vue ni au toucher. Quiconque essaiera