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DU SUBLIME


SECTION XVI.
La délicatesse.

Un air de vigueur et de force nuit à la beauté : une apparence de délicatesse et même ; de fragilité lui est presque essentielle. Quiconque examinera la création végétale ou animale, se convaincra que cette observation est fondée dans la nature. Ce ne sont ni le chêne, ni le frêne, ni l’orme, ni aucun des arbres vigoureux des forêts, auxquels nous accordons la beauté ; ils sont imposans et majestueux ; ils inspirent une sorte de respect : c’est le myrte délicat, l’oranger élancé, le débile amandier, le jasmin délié, c’est la vigne flexible, que nous regardons comme des beautés végétales : ce sont les fleurs, si remarquables par leur fragilité et leur existence momentanée, qui nous donnent l’idée la plus vive de l’élégance et de la beauté. Parmi les animaux, la levrette est plus belle que le mâtin ; et la finesse d’un, cheval genêt, barbe ou arabe, est plus aimable que la force et la solidité de quelques chevaux de guerre ou de trait. Je dirai peu de chose du sexe que nous adorons, il suffit de le