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ET DU BEAU.

traîné. N’est-ce pas là une preuve de ce changement de surface continuel, et cependant imperceptible en quelque point que ce soit, qui est un des premiers élémens de la beauté ? Je crois extrêmement juste l’idée de la ligne de beauté trouvée par M. Hogarth ; et je suis charmé de pouvoir, en ce point, appuyer ma théorie de l’opinion de cet artiste ingénieux : mais l’idée de la variation, dont il était plus occupé que de la manière de la variation, le conduit à considérer comme belles les figures angulaires : il est vrai que ces figures varient beaucoup, mais d’une manière brusque et brisée, et jê ne sache pas qu’il existe d’objet naturel qui soit angulaire et beau en même tems. Par le fait, il est peu d’objets naturels entièrement angulaires ; et je pense que ceux qui offrent le plus de points saillans sont les plus laids. Je dois ajouter encore que, quoique la beauté parfaite réside dans la ligne variée, cependant il n’y a aucune ligne particulière qu’on trouve toujours dans le beau le plus parfait, et qui, par conséquent, soit belle préférablement à toutes les autres ; du moins, aussi loin que mes observations ont pu s’étendre sur la nature, je n’ai pu l’y découvrir.