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D’EDMUND BURKE.

la guerre avec l’Amérique, et assure que si l’Angleterre jouit de quelque splendeur, elle la doit principalement au commerce, dont il dit avoir fait lui-même une étude particulière[1]. La harangue devait plaire à une assemblée de marchands ; aussi emporta-t-il tous les suffrages.

Il quitta ses commettans en leur adressant un brillant discours, et courut prendre sa place au parlement avec un surcroit de vigueur, de réputation et de zèle. Le comte de Ghatam ayant échoué, malgré sa réputation

  1. On peut prendre ceci pour une figure de rhétorique, car personne n’eut jamais un plus profond mépris pour la profession de marchand. Burke s’était imbu de tous les préjugés des Romains à l’égard du commerce. Pour lui les mots de marchand et de voleur étaient presque synonymes ; et jamais il ne put séparer l’idée du commerce de celles d’exclusion, de monopole et d’avarice.

    « Ne me parlez point de la libéralité ni du patriotisme d’un marchand, s’écria-t-il une fois dans la chambre des communes ; un marchand ne connaît d’autre Dieu que l’or, d’autre patrie que sa correspondance, d’autre autel que son bureau, d’autre bible que son livre de compte, d’autre église que la bourse ; et il n’a de foi qu’en son banquier. »