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DU SUBLIME


SECTION XIV.
L’Uni ou le Poli.

Une autre propriété qu’on remarque toujours dans les beaux corps, c’est l’uni ou le poli [1] ; qualité si essentielle à la beauté, que je ne sache pas qu’il existe aucune belle chose qui n’en soit douée. Dans les arbres et dans les fleurs, les feuilles unies et polies sont belles ; les pentes unies dans les jardins, et dans les paysages, le cristal uni et poli des ruisseaux : ne met-on pas au rang des beautés animales, le plumage uni et poli des oiseaux, les fourrures unies et douces des quadrupèdes ? Les femmes, ces êtres formés de beautés, en ont-elles une plus séduisante que la finesse, et, pour ainsi dire, le poli de la peau ? Enfin, les ouvrages d’ornement même ne sont beaux qu’autant qu’ils présentent des surfaces unies et polies. C’est à cette qualité que la beauté doit une très-grande partie de son pouvoir, disons même la plus considérable ; en effet, prenez un bel objet quelconque, donnez-lui une surface inégale et rude ; aussitôt il cesse de plaire, quel-

  1. Part.IV, seet. 21.