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DU SUBLIME

toutes les langues, on qualifie les objets d’amour avec des épithètes diminutives ; c’est ce qui a lieu dans celles dont j’ai quelque connaissance. En grec le ιαν et d’autres mots diminutifs sont presque toujours des termes d’affection et de tendresse. Les Grecs ajoutaient communément ces diminutifs aux noms des personnes avec qui ils vivaient amicalement et familièrement. Quoique les Romains eussent des sentimens moins vifs et moins délicats, cependant, dans les mêmes circonstances, ils glissaient quelquefois dans les terminaisons diminutives. Anciennement, dans la langue anglaise, on joignait le diminutif ling aux noms des personnes et des choses qui inspiraient un sentiment d’amour ; nous en conservons encore quelques-uns, comme darling, qui n’est autre, que little dear (cher petit). Mais aujourd’hui, dans la conversation, il est d’usage de qualifier tout ce qu’on aime du nom caressant de petit : les Français et les Italiens emploient encore plus fréquemment ces diminutifs d’affection. Dans la création animale, hors de notre propre espèce, c’est pour le petit que notre choix se détermine : nous aimons les petits oiseaux, et quelques-uns des plus petits quadrupèdes. Une grande et belle chose est une