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DU SUBLIME

pire beaucoup d’admiration, une grande vénération, et peut-être un peu de crainte ; nous le respectons, mais nous le respectons à certaine distance : le premier nous fait entrer dans sa familiarité ; nous l’aimons, et il nous mène partout où il veut. Pour rapprocher mes raisonnemens des premiers et des plus naturels sentimens de l’homme, j’ajouterai une remarque que fit un homme de beaucoup d’esprit en lisant cette section. L’autorité d’un père, si utile à notre bien être, et si vénérable sous tous les rapports, empêche que nous ne sentions pour lui cet amour entier[1] que nous avons pour nos mères, en qui l’autorité paternelle est adoucie par l’indulgence et la tendresse maternelle : mais généralement nous

  1. Je n’adopte pas en entier le sentiment de M. Burke ou de son ami : il peut être vrai en général, mais une heureuse expérience ne me permet pas de douter qu’il ne soit susceptible de restriction. Il y a tant de diversité dans le cœur humain, que la plus subtile métaphysique ne pourra jamais expliquer un seul de ses mouvemens par une proposition générale qui ne puisse être combattue par une préposition contraire ; Dans ce cas-ci, par exemple, ne peut-on pas dire, que si un enfant chérit sa mère pour les soins vigilans dont elle a secouru sa faiblesse, pour les tendres caresses dont elle