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ET DU BEAU.

son-là même qu’elles plaisent davantage. Les grandes vertus s’exercent principalement dans les troubles, dans les châtimens, dans les dangers ; elles s’appliquent à prévenir les grands maux plutôt qu’à dispenser des faveurs ; de-là vient qu’elles ne sauraient obtenir notre amour, quoique dignes de tout notre respect. Celles d’un rang subordonné se manifestent par les consolations, les graces et l’indulgence ; aussi sont-elles plus aimables, quoique inférieures en dignité. Ceux qui s’insinuent dans nos cœurs, que nous choisissons pour confidens de nos heures les plus douces, que nous appelons pour allé ger nos soins et dissiper nos soucis, ceux-là ne sont jamais doués de qualités brillantes ni de fortes Vertus. C’est sur le clair-obscur de l’ame que nos yeux aiment à se reposer, fatigués de contempler des objets plus éclatans. Observons l’impression qui se fait en nous, en lisant les caractères de César et de Caton, tels que Salluste, d’un burin hardi et fin à la fois les, a tracés et contrastés. L’un est toujours porté à l’indulgence, à la libéralité, ignoscendo, largiundo : l’autre a l’inflexibilité, nil langiundo ; l’un est le refuge des malheureux, perfugium miseris ; l’autre le fléau des ; méchans, malis perniciem. Le dernier nous ins-