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ET DU BEAU.

cent qu’il soit, ne doit être que d’une considération secondaire. C’est-là que réside le véritable pouvoir de la proportion et de la convenance ; elles agissent sur l’entendement occupé à les considérer, qui approuve l’ouvrage, et y acquiesce. Les passions, et l’imagination leur principal moteur, sont ici fort peu intéressées. Une chambre dans sa première nudité, qui n’offre que des murs dégarnis et un simple plafond, quelques parfaites que soient ses proportions, plait assurément très-peu ; une froide approbation est tout ce qu’on peut accorder : que l’on passe dans une autre pièce proportionnée avec moins d’exactitude, mais décorée de moulures élégantes, de beaux festons, de glaces, et en un mot, de tous les ornemens dont le luxe embellit nos demeures, à coup sûr, elle soulèvera l’imagination contre la raison, elle [plaira davantage que la proportion toute nue de la première, que l’entendement a si fort approuvée comme admirablement adaptée à ses fins. Par ce que j’ai dit ici et précédemment concernant la proportion, je n’ai point prétendu donner l’absurde leçon de négliger l’idée de l’utilité dans les ouvrages de l’art. J’ai voulu montrer seulement que la beauté et la proportion, toutes deux choses excellentes,