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ET DU BEAU.

sent, sans aucune préparation, le sublime et le beau. Combien elle est différente la satisfaction de l’anatomiste, qui découvre l’usage des muscles et de la peau, l’excellent artifice des uns pour les divers mouvemens du corps, et le tissu merveilleux de l’autre, enveloppe parfaite qui est tout à la fois une entrée et une issue générale ; combien elle est différente de l’affection qu’éprouve un homme ordinaire à la vue d’une peau douce et délicate, et de toutes les autres parties de la beauté, qui, pour être aperçues, n’exigent aucune recherche ! Dans le premier cas, tandis que notre admiration et notre louange s’élèvent vers le créateur, l’objet qui les excite peut être odieux et dégoûtant ; dans le second, notre imagination est tellement subjuguée, qu’il ne nous reste pas assez de liberté pour examiner les secrets. ressorts de l’objet de notre sensation ; et nous ne pouvons, sans un grand effort de raison, affranchir notre ame de ses séductions, pour tourner nos regards vers la sagesse qui inventa une si puissante machine. L’effet de la proportion et de la convenance, au moins en tant qu’elles procèdent de la pure considération de l’ouvrage en lui-même, est de produire l’aprobation et l’assentiment de l’esprit, mais non l’a-