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DU SUBLIME


SECTION VII.
Effets réels de la convenance.

En ôtant à la proportion et à la convenance toute part à la beauté, je ne prétends pas dire qu’elles n’aient aucune valeur, ni qu’on doive les négliger dans les ouvrages de l’art. Ce sont les arts, au contraire, qui composent la sphère de leur pouvoir, et c’est là qu’elles ont un plein effet. Quand le créateur voulut, dans sa sagesse, qu’un objet touchât nos ames, il ne confia pas l’exécution de son des sein à l’action lente et précaire de notre raison ; il doua cet objet de pouvoirs et de propriétés qui préviennent l’entendement et la volonté même, qui, saisissant les sens et l’imagination, captivent l’ame avant que l’esprit ait pu donner son consentement ou son improbation. Ce n’est pas sans une grande application et de longs raisonnemens que nous pouvons découvrir l’adorable sagesse de Dieu dans ses ouvrages ; et quand nous l’apercevons, son effet est bien différent, non-seulement par la manière de l’acquérir, mais par sa propre nature, de l’émotion que nous cau-