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DU SUBLIME

mécanique, nous recevons toujours une impression désagréable. Il en est de même à l’égard de notre seconde nature, l’habitude, dans tout ce qui s’y rapporte. Ainsi, l’absence des proportions ordinaires chez les hommes et les animaux doit inévitablement choquer, quoique la présence n’en soit aucunement une cause de plaisir. Il est vrai que les proportions qu’on établit comme des causes de beauté dans l’espèce humaine, se trouvent fréquemment chez les belles personnes, mais c’est parce qu’elles appartiennent généralement à toute l’espèce : et s’il peut être prouvé qu’elles existent sans la beauté, et que la beauté existe fréquemment sans elles, que, de plus, cette beauté peut toujours être attribuée à des causes moins équivoques, cela ne nous conduira-t-il pas naturellement à conclure que la beauté et la proportion ne sont pas des idées de la même nature ? Le contraire de la beauté n’est ni la disproportion, ni la difformité, mais la laideur ; et comme elle appartient à des causes opposées à celles de la beauté positive, nous ne pouvons en parler qu’à l’endroit où nous considérerons celle-ci. Entre la beauté et la laideur est une sorte de médiocrité où se trouvent le plus communé-