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ET DU BEAU.

ne puisa jamais dans la figure humaine aucune des idées de son art ; car, en premier lieu, on voit rarement les hommes dans cette posture contrainte ; elle n’est ni naturelle, ni bienséante : secondement, la vue de la figure humaine ainsi disposée, ne suggère pas naturellement l’idée d’un carré, mais plutôt celle d’une croix ; ce grand espace vide entre les bras et la terre doit être rempli avant qu’on puisse s’imaginer de voir un carré : enfin, bien des édifices projetés par d’habiles architectes, n’ont nullement la forme de ce carré particulier, et font cependant un aussi bel effet, peut-être même un plus beau. Certainement rien au monde ne serait plus extravagant qu’un architecte qui tracerait le plan d’un édifice d’après la figure humaine, puisqu’il serait difficile, pour ne pas dire impossible, de trouver deux choses qui eussent moins de ressemblance ou d’analogie, qu’un homme avec une maison ou un temple : est-il besoin de dire que leurs fins sont absolument différentes ? Ce que je suis porté à soupçonner, c’est que ces analogies furent imaginées pour donner de l’importance aux ouvrages de l’art, en montrant quelque conformité entr’eux et les plus nobles ouvrages de la nature ; mais non que ceux-ci