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DU SUBLIME

naturelle : il suffira d’une légère considération pour se convaincre que ce n’est pas la mesure, mais la manière qui crée toute la beauté relative à la forme. Quelles lumières empruntons-nous de ces proportions si vantées, lorsque nous étudions le dessin d’ornement ? Il me semble surprenant que les artistes, s’ils sont, comme ils prétendent l’être, bien convaincus que la proportion est la base de toute beauté, et surtout affirmant sans cesse que leur art n’est que l’imitation de la belle nature, je suis surpris, dis-je, qu’ils n’aient pas toujours dans leur porte-feuille d’exactes mesures de toutes sortes de beaux animaux, pour en tirer de justes proportions, quand ils exécutent quelque bel ouvrage. Je sais qu’on a dit depuis long-tems, et que des écrivains ont mille fois répété les uns d’après les autres, que les proportions de l’architecture ont été établies d’après celles du corps humain. Pour rendre complète cette analogie forcée, on vous représente un homme les bras élevés horizontalement et étendus de toute leur longueur, après quoi on décrit une espèce de carré, en faisant passer des lignes par les extrémités de cette singulière figure. Mais il me paraît, de la manière la plus évidente, que l’architecte