Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
174
DU SUBLIME

peu notre vue, j’observerai que presque tous les animaux ont des parties de la même nature, et destinées à peu près aux mêmes usages ; une tête, un cou, un corps, des pieds, des yeux, des oreilles, un nez et une bouche ; cependant la providence, afin de pourvoir le plus convenablement à leurs divers besoins, et pour déployer dans sa création les trésors de sa sagesse et de sa bonté, a exécuté ce petit nombre d’organes et de membres homogènes avec une variété presque infinie, par leur disposition, leurs mesures et leur relation. Mais, selon une observation précédente, parmi cette grande diversité, on distingue une particularité commune à beaucoup d’espèces ; plusieurs des individus qui les composent ont la faculté de nous intéresser par leur beauté ; et tandis qu’ils conviennent en produisant cet effet, ils diffèrent extrêmement dans les mesures relatives des parties qui l’ont produit. Ces considérations suffiraient pour me faire rejeter la notion de toute proportion particulière, concourant par un principe naturel à un effet agréable : mais ceux qui tomberont d’accord avec moi à l’égard d’une proportion particulière, sont fortement prévenus en faveur d’une proportion plus indéfinie. Ils imaginent que si la beauté