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DU SUBLIME

appartenir à quelques-uns des plus beaux. Assignez telles proportions qu’il vous plaira aux parties du corps humain ; et je réponds qu’un peintre, en les observant religieusement, produira, s’il le veut, une très-laide figure ; il sera au pouvoir de ce même peintre d’en faire une très-belle, en s’écartant considérablement de ces proportions. Quelle énorme différence ne voyons-nous pas dans les proportions des chefs-d’œuvre que nous ont laissé les statuaires anciens et modernes, et dans des parties très-remarquables et d’une grande importance ! elles ne diffèrent pas moins des proportions que nous remarquons dans quelques-uns des hommes vivans qui nous frappent le plus par la beauté et l’agrément de leurs formes. Et, après tout, s’accordent-ils bien entre eux les parti sans des proportions sur celles du corps humain ? Quelques-uns lui donnent la longueur de sept têtes ; d’autres le font de huit ; tandis que d’autres l’étendent jusqu’à dix : différence énorme pour un si petit nombre de divisions. Il en est qui évaluent les proportions par d’autres méthodes, et avec un égal succès. Mais ces proportions sont-elles exactement les mêmes dans tous les hommes bien faits ? ou ressemblent-elles en rien aux proportions qu’on trouve dans les