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DU SUBLIME

aussi évidentes que la proportion entre pour très-peu de chose dans la formation de la beauté. Une infinie variété de formes, les plus grandes disproportions de parties, qu’on remarque dans leurs espèces, sont bien propres à faire naître cette idée. Le cygne, regardé généralement comme un bel oiseau, a le cou plus long que tout le reste de son corps, et la queue très-courte : est-ce-là une belle proportion ? nous devons l’accorder. Mais, alors, que dirons-nous du paon, dont le cou est comparativement court, tandis que sa queue est plus longue que son corps et son cou pris ensemble ? Combien d’oiseaux n’y a-t-il pas qui s’écartent infiniment de chacun de ces modèles, et de tout autre qu’on pourrait assigner avec des proportions différentes et souvent opposées l’une à l’autre ! et néanmoins quantité de ces animaux sont extrêmement beaux ; tandis qu’en les considérant, nous ne trouvons rien dans aucune partie qui puisse nous déterminer, a priori, à dire ce que les autres peuvent être ; bien au contraire, toutes les conjectures que nous pouvons former à cet égard, l’expérience vient aussitôt les démentir, et nous accuser d’erreur. Pour ce qui concerne les couleurs des oiseaux ou des fleurs, car il y a quelque