Page:Burke Edmund - Recherche philosophique sur l origine de nos idees du sublime et du beau - 1803.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
163
ET DU BEAU.

quième, le sixième, la moitié ou le tout ; qu’elle soit égale à la longueur d’une autre partie, ou au double de sa longueur, ou seulement à la moitié, voilà ce qui est parfaitement indifférent à l’esprit ; il reste neutre dans la question : c’est même de cette tranquilité, de cette indifférence absolue de l’esprit, que les spéculations mathématiques tirent quelques-uns de leurs plus grands avantages ; parce que rien n’intéresse l’imagination ; parce que le jugement est libre et impartial dans l’examen de son objet. Toutes les proportions, tous les arrangemens de quantité sont les mêmes pour l’entendement ; parce que, pour lui, les mêmes vérités résultent de tous les rapports ; du plus grand et du plus petit, de l’égalité et de l’inégalité. Mais certainement la beauté n’est pas une idée qui appartienne à la mesure ; et elle n’a que faire du calcul et de la géométrie. Si elle en dépendait, nous pourrions découvrir quelques mesures certaines et susceptibles d’une démonstration qui prouverait qu’elles sont belles, soit simplement par elles-mêmes, soit par leurs relations avec d’autres ; et nous pourrions rapporter ces objets naturels dont la beauté n’a d’autres garans que nos sens, à cet heureux module, et confirmer ainsi la voix de nos pas-