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DU SUBLIME

tout, jetons un coup — d’œil rapide sur les opinions qu’on a déjà de la beauté : opinions qu’il serait bien difficile, je pense, de réduire à des principes fixes ; parce qu’on a coutume de parler de la beauté d’une manière figurée, c’est-à-dire, d’une manière extrêmement incertaine et indéterminée. Par beauté, j’entends cette qualité, ou ces qualités des corps au moyen desquelles ils causent l’amour, ou quel que passion semblable à l’amour. Je borne cette définition aux qualités purement sensibles des choses, afin de conserver la plus grande simplicité dans un sujet qui doit toujours nous égarer, quand nous admettons ces diverses causes de sympathie qui nous attachent à certaines personnes ou à certaines choses, d’après des considérations secondaires, et non d’après la force directe que ces choses ou ces personnes ont par leur simple aspect. Je distingue pareillement l’amour, par quoi j’entends la satisfaction que l’ame éprouve en contemplant un bel objet, de quelque nature qu’il puisse être, je le distingue, dis-je, du désir ou appétit des sens, qui est une énergie de l’ame par laquelle nous sommes précipités vers la possession de certains objets qui ne nous touchent point parce qu’ils sont beaux, mais par des moyens