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ET DU BEAU.

rium sont simplement douloureuses, et ne sont accompagnées d’aucune sorte de délice. Mais quand elles sont modérées, comme dans une description ou une narration, elles deviennent des sources du sublime, aussi naturelles que toute autre, et basées sur le même principe d’une douleur modérée. « Une coupe d’amertume… boire la coupe amère de la fortune… les pommes amères de Sodome ; » toutes ces idées conviennent à une description sublime, Et n’est-il pas sublime ce passage de Virgile, où la vapeur empestée de la fontaine d’Albunée conspire si heureusement avec la lugubre obscurité et l’horreur sacrée de la prophétique forêt ?

At rex solicitas, monstris oracula fauni
Fatidici genitoris adit, lucosque sub alta
Consulit Albunea, nemorum quæ maxima sacra
Fonte sonat ; sœvamque exhalat opaca Mephitim.

Dans une description très-sublime du sixième livre, le poète n’oublie pas les exhalaisons empoisonnées de l’Achéron ; et cette image est bien loin de déparer celles qu’elle accompagne ;

Spelunca alta fuit, vastoque immanis hiatu
Scrupea, tuta lacu nigro, nemorumque tenebris
Quam super haud ullœ poterant impune volante »
Tendere iter pennis, talis sese alitus atris
Faucibus effundens supera ad convexa ferebat.