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DU SUBLIME

celui dont il vient d’être question, peut produire le sublime. Sous ce rapport, il mérite d’être examiné. Un chacun doit juger du fait par sa propre expérience et par sa réflexion. J’ai déjà observé [1] que la nuit accroit notre terreur plus, peut-être, que toute autre chose ; il est dans notre nature de craindre le pire des accidens, lorsque nous ignorons lequel il doit nous arriver ; de là vient que l’incertitude est si terrible que nous cherchons à nous en délivrer au risque même d’un malheur certain. Or, des sons sourds, confus, incertains, nous laissent dans la même crainte, la même anxiété concernant leurs causes, que l’absence de la lumière, ou une lumière incertaine, à l’égard des objets qui nous environnent :

Quale per incertain lunam sub luce maligna
Est iter in sylvis ———

« La faible apparence d’une lumière incertaine, semblable à la lampe dont la vie va s’éteindre, ou à la lune voilée d’un ciel nébuleux, se montre au voyageur saisi de crainte et d’épouvante [2]. »

  1. Section 3.
  2. — A faint shadow of uncertain light
    Like as a lamp, whose life does fade away ;