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ET DU BEAU.

pendant l’observation de cette règle n’est rigoureusement indispensable que dans les cas où l’on se propose un degré uniforme du sublime le plus frappant ; car il faut bien faire attention que ce genre mélancolique de grandeur, quoique certainement le plus élevé, ne peut convenir à toutes sortes d’édifices, pas même à tous ceux où l’on doit mettre de la grandeur. Dans ces cas-ci il faut tirer le sublime de ses autres sources, mais toujours en ayant soin d’exclure toute chose légère et riante ; car rien n’émousse aussi efficacement le goût du sublime.


SECTION XVII.
Le son et le bruit.

L’œil n’est pas le seul organe de sensation qui puisse porter dans l’ame une passion sublime. Les sons exercent une grande influence sur ces passions, comme sur la plupart des autres. Ce n’est point des mots que j’entends parler, parce que les mots n’agissent pas sur nous simplement par leurs sons, mais par des moyens entièrement différens. Un bruit excessif suffit seul pour intimider l’ame, pour suspendre son action, et pour la remplir de