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ET DU BEAU.


SECTION XV.
La lumière considérée par rapport à l’architecture.

Comme la distribution de la lumière est un des plus importans objets de l’architecture, il n’est pas inutile d’examiner jusqu’où cette remarque lui est applicable. Je pense que tout édifice destiné à imprimer une idée du sublime, doit être sombre et ténébreux ; et cela pour deux raisons : la première, appuyée de l’expérience, est que l’obscurité, en d’autres occasions, est plus favorable au mouvement des passions que la lumière ; et la seconde, que pour rendre un objet très-frappant, on doit établir la plus grande différence possible entre cet objet et ceux qui ont affecté nos sens immédiatement avant. Or, lorsque vous entrez dans un édifice, vous ne pouvez passer dans un plus grand jour que celui dont vous jouissiez en plein air ; s’il n’est qu’un peu moins lumineux, vous ne sentirez qu’un léger changement; mais voulez-vous que la transition soit extrêmement frappante, passez du plus grand jour dans toute l’obscurité que comporte l’architecture. La règle contraire doit être observée pendant la nuit, mais, pour la même