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DU SUBLIME

notre auteur avait le secret de conserver cette idée alors même qu’il semblait s’en éloigner le plus, en décrivant la lumière et la gloire qui découlent de la présence divine ; lumière qui par son excès est changée en une espèce d’obscurité :

« [1] Ton trône parait obscurci par un excès de clarté. »

Cette dernière pensée n’est pas seulement très-poétique, mais rigoureusement et physiquement juste. De grandes clartés, en éblouissant la vue, effacent les objets, et par leurs effets ressemblent aux ténèbres. Après avoir fixé le soleil pendant quelques momens, deux points noirs, seule impression qu’il laisse, semblent se mouvoir devant nos yeux. Ainsi deux idées aussi opposées qu’on puisse l’imaginer, sont réunies par leurs extrêmes, et toutes deux, malgré leur nature contraire, concourent à produire le sublime. Ce n’est pas là le seul cas où les deux extrêmes opposés agissent également en faveur du sublime, qui, en toutes choses, abhorre la médiocrité.


  1. Dark with excessive light thy skirts appear.

    Ce vers isolé ne peut se traduire littéralement ; je n’ai fait que rendre l’idée de l’auteur.