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ET DU BEAU.

dans les étoiles mêmes, séparément considérées : c’est leur nombre qui en est certainement la cause. Le désordre apparent ajoute à la grandeur ; car l’apparence du soin est très-contraire aux idées que nous avons de la magnificence. D’ailleurs, les étoiles sont dans une telle confusion, du moins pour notre vue, qu’il est ordinairement impossible de les compter. Par-là elles ont l’avantage d’une sorte d’infinité. Dans les ouvrages de l’art, on ne doit admettre qu’avec beaucoup de circonspection cette espèce de grandeur qui consiste dans la multitude ; parce qu’on ne peut obtenir une profusion de choses excellentes, du moins sans une extrême difficulté ; et parce qu’en plusieurs cas, cette splendide confusion détruirait tout usage, qui, dans la plupart des ouvrages de l’art, doit être considéré avec le plus grand soin : observez d’ailleurs qu’à moins de produire par votre désordre une apparence d’infinité, vous aurez seulement le désordre et point de magnificence. Il y a cependant une espèce de feux d’artifice, et quelques autres choses, qui remplissent assez bien cet objet, et portent Une empreinte de véritable grandeur. Les poètes et les orateurs ont des descriptions sublimes par la richesse et la profusion des images, dont