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DU SUBLIME

nuité si longue et une direction telle que par leurs fréquentes impulsions sur les sens, elles impriment dans l’imagination une idée de leur progrès au-delà de leurs limites réelles : l’uniformité ; parce que si les parties changent de figure, l’imagination rencontre un obstacle à chaque changement ; toute altération devient le terme d’une idée et le commencement d’une autre : dès lors il est impossible de continuer cette progression non-interrompue qui peut seule imprimer aux objets bornés le caractère de l’infinité. C’est dans cette espèce d’infinité artificielle, du moins je le pense, que nous devons chercher la cause du noble effet d’une rotonde[1] ; car, dans une rotonde, qu’elle soit un bâtiment ou une plantation, on ne sait où fixer une limite ; vers quelque point que l’on porte ses regards le même objet semble toujours continuer, et l’imagination ne peut trouver où se reposer. Mais les parties doivent être uniformes aussi bien que dans une

  1. M. Addisson, dans un article du Spectateur concernant les plaisirs de l’imagination, dit que cet effet, provient de ce que l’œil peut embrasser à-la-fois la moitié de l’édifice. Je ne pense, pas que c’en soit la véritable cause.