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DU SUBLIME

moins grande en ses effets que la profondeur, et que la sensation que l’on éprouve en regardant au fond d’un précipice, est plus forte que celle que cause l’aspect d’un objet aussi élevé que le précipice est profond : mais c’est une chose que je ne donnerai pas pour certaine [1]. La perpendiculaire est plus voisine du sublime que le plan incliné ; et il semble qu’une surface rude et brisée a de plus grands effets qu’une surface douce et polie. Ce n’est pas ici le lieu d’examiner la cause de ces apparences ; mais il est certain qu’elles offrent à la spéculation un champ vaste et fertile. Cependant il peut ne pas être inutile d’ajouter à ces remarques que comme l’extrême grandeur de dimension est sublime, le dernier degré de la petitesse l’est aussi en quelque façon : lorsque nous appliquons notre esprit à la divisibilité infinie de la matière, que nous poursuivons la vie animale jusques dans ces êtres, excessivement petits et cependant organisés, qui échappent à la plus délicate perquisition des sens ; lorsque

  1. Je pense que l’auteur aurait pu affirmer ce qu’il propose comme un doute ; puisqu’à la sensation qu’on éprouve à la vue d’un précipice, se joint nécessairement l’idée du danger de s’y laisser tomber ; ce qui ne peut arriver à l’égard d’un objet élevé.