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ET DU BEAU.

On ne peut soupçonner Lucrèce de s’être livré à des terreurs superstitieuses : cependant lors que le poète feint que tout le mécanisme de la nature lui est dévoilé par le maître de sa philosophie, son transport à ce magnifique spectacle, qu’il a décoré des couleurs d’une poésie vive et hardie, est enveloppé d’une ombre de crainte et d’horreur.

His tibi me rebus quædam divina voluptas,
Percipit, atque horror, quod sic natura tua vi
Tam manifesta patet ex omni parte retecta.

Mais l’écriture seule peut fournir des idées proportionnées à la majesté de ce sujet. Dans l’écriture, toutes les fois que Dieu se montre ou parle aux hommes, tout ce que la nature a de terrible est appelé pour ajouter à la crainte et à la solennité de la présence divine. Les pseaumes et les livres prophétiques en fournissent des exemples nombreux : La terre s’ébranla, (dit le psalmiste,) les deux s’abaissèrent à la présence du Seigneur. Une chose digne de remarque, c’est que la peinture conserve à l’Éternel le même caractère, non-seulement lorsqu’il est supposé descendre pour punir les méchans, mais encore quand il exerce la même plénitude de puissance dans les actes de sa