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DU SUBLIME

serrons dans la petitesse de notre nature, et sommes comme anéantis devant lui. Et quoique nos craintes dussent s’évanouir en considérant ses autres attributs, cependant ni la conviction de la justice avec laquelle cette puissance est exercée, ni la miséricorde qui tempère cette justice, ne peuvent entièrement dissiper la terreur que cause nécessairement une force que rien ne peut arrêter, Si nous nous réjouis sons, nous nous réjouissons en tremblant ; et même en recevant des bienfaits, nous ne pouvons nous défendre de frissonner d’une puissance qui confère des bienfaits d’une si haute importance. Le prophète David, lorsqu’il contemple les merveilles de sagesse et de puissance déployées dans l’économie animale de l’homme, semble pénétré d’une divine horreur, et il s’écrie : Suis-je formé d’une manière terrible et merveilleuse ! On trouve un sentiment de la même nature dans un poète payen : Horace regarde comme le dernier effort de la fermeté philosophique, de contempler sans étonnement et sans terreur, l’immense et glorieuse fabrique de l’univers.

Hune solem, et stellas, et decedentia certis
Tempora momentis, sunt qui fonuidine nulla
Imbuti spectant.