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ET DU BEAU.

de notre conception ; lorsque, dis-je, nous envisageons la divinité sous ce jour épuré et abstrait, l’imagination et les passions sont peu ou point affectées. Mais comme, par la con dition de notre nature, nous sommes obligés e nous élever à ces idées pures et intellectuelles par l’échelle des images sensibles, et de juger de ces qualités divines par leurs actes ; et leurs effets évidens, il est extrêmement difficile de démêler l’idée que nous avons de la cause, d’avec l’effet qui nous la fait connaître. Ainsi, en contemplant la divinité, notre esprit reçoit tout à la fois ses attributs et leur opération réunis, qui forment une espèce d’image sensible, et sont par-là capable d’émouvoir l’imagination. Or, quoique à se faire une idée juste de la divinité, aucun de ses attributs ne soit peut-être prédominant, notre imagination est cependant plus frappée de « a puissance que d’aucun autre. Il nous faut faire quelques réflexions, quelques comparaisons, pour nous convaincre de sa sagesse, de sa justice et de sa bonté il nous suffit d’ouvrir les yeux, pour sentir son immense pouvoir. Mais tandis que nous contemplons un objet si vaste, pour ainsi dire, sous le bras du pouvoir tout-puissant, et environnés de son immensité, nous nous res-