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DU SUBLIME

dite à l’égard de la puissance est réellement si naturelle, elle est tellement inhérente à notre constitution, que la plupart des hommes ne parviennent à la vaincre qu’en se jetant dans les affaires du grand monde, et en faisant une grande violence à leur caractère. Je sais que certaines gens pensent que l’idée de la puissance n’est accompagnée d’aucune crainte, d’aucun degré de terreur : ils ont même été jusqu’à avancer qu’on peut s’arrêter sur l’idée de Dieu sans éprouver aucune émotion de cette espèce. Lorsque j’envisageai ce sujet pour la première fois, j’évitai à dessein d’étayer un raisonnement aussi frivole que celui-ci, des exemple qu’on peut tirer de l’idée d’un être si grand et si redoutable. Cependant cette idée m’avait souvent frappé, non comme opposée, mais comme conforme à mes opinions sur cette matière. Je tacherai d’écarter toute présomption de mes discours, quoique j’avoue qu’il est presque impossible à un mortel de parler sur un tel sujet d’une manière strictement convenable. Et je dis, que lorsque nous considérons la divinité simplement comme un objet de l’entendement, dont l’idée se compose de puissance, de sagesse, de justice, de bonté, qualités qui s’étendent bien au-delà des bornes.