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ET DU BEAU.

dans la pleine jouissance de sa liberté, et défiant le pouvoir des hommes : Je ne crois pas que sous tout autre rapport une telle description eût été susceptible de fort nobles images. Qui a brisé (dit-il) les entraves de l’âne sauvage, de cet animal qui ne craint pas la voix d’un maître, qui méprise la multitude des cités ; auquel j’ai donné le désert pour demeure, et la chaîne des monts pour pâturage ? La description du rhinocéros et celle du léviathan, qu’on trouve dans le même livre, sont remplies de traits d’une égale force : Le rhinocéros se soumettra-t-il à ton empire ? pourras-tu l’attacher au joug pour tracer tes sillons ? te confieras-tu à sa force, parce que sa force est grande ?… Arracheras-tu le léviathan d l’abîme avec un hameçon ? fera-t-il un pacte avec toi ? le rendras-tu ton, esclave ? toi-même, ne tomberas-tu pas d’épouvante à sa vue ? Enfin, en quelque endroit que nous trouvions la force, de quelque manière que nous envisagions la puissance, nous verrons toujours le sublime marcher à côté de la terreur, et le mépris attaché à la force soumise et hors d’état de nuire. Plusieurs espèces de chiens possèdent un assez grand degré de force et de vitesse, et d’autres qualités précieuses, qu’ils exercent pour notre utilité ou notre