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ET DU BEAU.

est la crainte que cette force énorme ne s’exerce à vous [1] dépouiller ou à vous détruire. On n’aura aucun doute que la puissance ne tire toute sa sublimité de la terreur, dont elle est généralement accompagnée, si l’on considère quel est son effet dans le petit nombre de cas où il est possible de séparer la faculté de nuire de l’idée d’une force considérable. Alors vous la dépouillez de tout ce qu’elle a de sublime, et aussitôt elle devient méprisable. Le bœuf est doué d’une grande force ; mais c’est une créature innocente, extrêmement utile, et nullement dangereuse : pour cette raison-là l’idée d’un bœuf n’a rien de grand. Le taureau est vigoureux ; mais sa force est d’un autre genre : souvent destructive, elle est rarement de quelque utilité, du moins parmi nous ; aussi l’idée d’un taureau est-elle grande, aussi ne l’exclut-on pas des descriptions sublimes et des nobles comparaisons. Considérons un autre animal dans deux points de vue bien différens où nous le voyons communément. Le cheval, comme animal utile, propre à la charrue, à la main, au trait en un mot, sous tous les rapports d’utilité, le cheval n’a rien

  1. Part.III, sect. illisible ?