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DU SUBLIME

certaines idées bizarres mais terribles par leur nature ; il est du moins très-certain que je n’ai jamais tu de tableau de l’enfer, sans m’imaginer au premier coup d’œil que ce n’était qu’un burlesque badinage de l’artiste. Plusieurs peintres ont traité des sujets de ce genre, dans la vue de rassembler dans un même cadre tous les horribles fantômes que pourrait inventer leur imagination ; mais tous les tableaux de la tentation de St.-Antoine que j’ai vus, loin de produire en moi une sensation sérieuse, ne m’ont paru que des conceptions ridicules et extravagantes à l’excès. La poésie est très-heureuse dans les sujets de ce genre. Ses apparitions, ses chimères, ses harpies, ses figures allégoriques sont grandes et touchantes ; et quoique la renommée de Virgile et la discorde d’Homère soient des figures obscures, cependant elles frappent par leur noblesse et leur magnificence. Le pinceau pourrait exprimer ces figures avec plus de clarté, mais je crains fort qu’il ne les rendit ridicules.